21 juin 2006

De la différenciation chez l'homme civilisé.

Dans la mesure où la distinction entre le sujet et l'objet n'est pas consciente, il règne une identité inconsciente. L'inconscient est en effet projeté dans l'objet, et l'objet introjecté dans le sujet, c'est à dire rendu psychologique. Alors les plantes et les animaux se comportent comme des humains, et les humains sont à la fois eux-mêmes et des animaux, et tout est animé par des esprits et des dieux.

L'homme civilisé se croit naturellement bien au dessus de tout cela. Mais à la place il est bien souvent identifié toute sa vie à ses parents; il est identique à ses affects et à ses préjugé et il taxe effrontément les autres de ce qu'il ne veut pas voir en lui-même. En fait, il possède encore un reste d'inconscience primitive, c'est à dire d'absence de différenciation entre le sujet et l'objet. A cause de cette inconscience il est influencé sans réserve par des humains, des objets et des circonstances innombrables; son esprit est rempli d'éléments parasites presque au même degré que celui du primitif, et c'est pourquoi il a tout autant besoin de magie apotropéique. Il n'utilise plus les sachets de médecine, les amulettes et les sacrifices d'animaux, mais les sédatifs, les névroses, le "progrès", le culte de la volonté et ainsi de suite.

Toutefois, s'il parvient à discerner que l'inconscient est une grandeur déterminante auprès du conscient et à vivre de manière à tenir compte, dans le mesure des possibilités, des exigences conscientes et inconscientes, c'est à dire instinctives, le centre de gravitation de la personnalité totale n'est plus le moi, qui est simplement le centre du conscient, mais une sorte de point virtuel situé entre le conscient et l'inconscient que l'on pourrait désigner du non de Soi.



Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

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