28 déc. 2006

Ainsi l'homme de bien mesure l'éphèmère à l'aune de ce qui perdure.


(...)Cruauté du temps. Des lendemains qui déchantent. Des unions qui se délabrent et se vident. Des incompréhensions qui peu à peu se révèlent. Des défections en germe pourtant dans l'empressement du contrat initial. Alors la liaison devient contraire, avec obligation de conduire à leur terme les conséquences de ce marché de dupes. Tiraillements, contretemps, servitudes, pour assumer ce qui s'est tissé dans la hâte et prenait pour longtemps en otage.
L'homme de bien n'est pas dupe des emballements du départ. Il sait qu'en menant les affaires à leur terme se départageront ce qui se détériore et ce qui trouve consistance: ce que l'instant a suscité, c'est le temps qui en révèle le bien-fondé et la teneur. Le délitement, la démission ne le surprendront pas. Mais retenant la leçon des alliances incertaines et des positions secondaires, il appréciera l'éphémère à sa simple mesure sans plus en faire l'étalon d'une longue échéance.


Hexagramme 54- Le mariage de la cadette
Le Yi Jing par lui-même. - P. Faure

21 sept. 2006

L'inconscient est antérieur à la conscience.

L'inconscient constitue une donnée originelle où la conscience va toujours puiser et se renouveler. La conscience de soi constitue un effort épuisant; nous possédons pourtant cette faculté de nous concentrer, pendant une période relativement courte, mais nous finissons invariablement par retomber dans un état inconscient, en sombrant dans le rêve ou en nous abandonnant à des associations non contrôlées.


Sur l'interprétation des rêves. - C.G. Jung

12 sept. 2006

Le miroir et la persona

Qui regarde dans le miroir de l'eau aperçoit, il est vrai , tout d'abord sa propre image. Qui va vers soi-même risque de se rencontrer soi-même. Le miroir ne flatte pas, il montre fidèlement ce qui regarde en lui, à savoir le visage que nous ne montrons jamais au monde, parce que nous le dissimulons à l'aide de la persona, du masque du comédien. (...)
C'est la première épreuve du courage sur le chemin intérieur, épreuve qui suffit pour effaroucher la plupart, car la rencontre avec soi-même est de ces choses désagréables auxquelles on se soustrait tant que l'on a la possibilité de projeter sur l'entourage tout ce qui est négatif.

Les Racines de la conscience - C.G. Jung

26 juin 2006

De l'endogamie psychique

Rien n'exerce une influence plus forte sur l'âme de l'entourage, en particulier sur celle des enfants, que la vie non vécue des parents.
(...)
Un grand, un unique amour l'attache à son père, le seul être duquel il se souvienne avec affection. un fils aussi fidèle s'acquittera de la dette paternelle. Tout le renoncement du père se transformera chez le fils en ambitieuse exigence. Le ressentiment et l'inévitable complexe d'infériorité du père feront du fils le vengeur des injustices que celui-ci avait subies. il brandira son épée contre toute autorité quelle qu'elle soit, et combattra comme un adversaire de son propre père tout ce qui prétendra à la potestas patris. Tout ce que le père perdit ou ce à quoi il renonça, succès et renommée, vie indépendante dans le vaste monde, il lui faudra le reconquérir, et en vertu d'une loi tragique, il lui faudra même se brouiller avec ses amis , comme conséquence inéluctable de son attachement à un unique ami, le père; car l'endogamie psychique est punie de lourdes peines en destinée.


Synchronicité et Paracelsica - C.G. Jung

21 juin 2006

Du refoulement des instincts.

Notre texte a derrière lui une civilisation veille de plusieurs millénaires qui s'est construite de façon organique sur les instincts primitifs et , par suite, ne connaît absolument rien de cette morale brutale qui caractérise les barbares germaniques fraîchement civilisés que nous sommes. c'est pourquoi la Chine ignore le violent refoulement des instincts qui surexcite de façon hystérique et empoisonne notre spiritualité. Celui qui vit ses instincts peut également se séparer d'eux, et cela, d'une manière tout aussi naturelles qu'il les a vécus.
Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

De la différenciation chez l'homme civilisé.

Dans la mesure où la distinction entre le sujet et l'objet n'est pas consciente, il règne une identité inconsciente. L'inconscient est en effet projeté dans l'objet, et l'objet introjecté dans le sujet, c'est à dire rendu psychologique. Alors les plantes et les animaux se comportent comme des humains, et les humains sont à la fois eux-mêmes et des animaux, et tout est animé par des esprits et des dieux.

L'homme civilisé se croit naturellement bien au dessus de tout cela. Mais à la place il est bien souvent identifié toute sa vie à ses parents; il est identique à ses affects et à ses préjugé et il taxe effrontément les autres de ce qu'il ne veut pas voir en lui-même. En fait, il possède encore un reste d'inconscience primitive, c'est à dire d'absence de différenciation entre le sujet et l'objet. A cause de cette inconscience il est influencé sans réserve par des humains, des objets et des circonstances innombrables; son esprit est rempli d'éléments parasites presque au même degré que celui du primitif, et c'est pourquoi il a tout autant besoin de magie apotropéique. Il n'utilise plus les sachets de médecine, les amulettes et les sacrifices d'animaux, mais les sédatifs, les névroses, le "progrès", le culte de la volonté et ainsi de suite.

Toutefois, s'il parvient à discerner que l'inconscient est une grandeur déterminante auprès du conscient et à vivre de manière à tenir compte, dans le mesure des possibilités, des exigences conscientes et inconscientes, c'est à dire instinctives, le centre de gravitation de la personnalité totale n'est plus le moi, qui est simplement le centre du conscient, mais une sorte de point virtuel situé entre le conscient et l'inconscient que l'on pourrait désigner du non de Soi.



Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

20 juin 2006

Les dieux sont devenus des maladies.

Nous sommes possédés par nos contenus psychiques autonomes exactement comme s'ils étaient des dieux. On les appelle maintenant phobies, impulsions, etc., bref symptômes névrotiques. Les dieux sont devenus des maladies : Zeus ne régit plus l'Olympe, mais le plexus solaire et il crée des cas pour le cabinet du médecin, ou encore trouble le cerveau des politiciens et des journalistes qui déclenchent sans le savoir des épidémies psychiques.

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

Le culte exclusif du conscient.

Si les tendances à la dissociation n'étaient pas des propriétés inhérentes à l'âme humaine, on n'aurait jamais vu apparaître de systèmes psychiques fragmentaires; en d'autres termes, il n'y aurait jamais eu d'esprit ou de dieux. Voila également pourquoi notre époque s'est vidée à un degré si aigu de dieux et de saints: la raison en est notre méconnaissance de la psyché inconsciente et notre culte exclusif du conscient. Notre véritable religion est un monothéisme de la conscience, un état de possession par la conscience accompagnée d'une négation fanatique de l'existence fragmentaires autonomes.

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

19 juin 2006

Saisir la totalité.

Saisir la totalité, c'est naturellement aussi le but de la science. Mais ce but ne peut être que trés lointain, la science procédant partout où elle le peut de manière expérimentale, et dans tous les cas par méthode statistique. Or l'expérimentation consiste à poser des problèmes en termes précis éliminant dans toute la mesure du possible les éléments extérieurs au problème posé et qui en pertubent l'examen. Elle énonce des conditions, les impose à la nature et l'oblige ainsi à répondre en fonction de la question formulée par l'homme. Cette démarche empêche la nature de répondre à partir de la plénitude de ses possibilités, puisque celles-ci sont limitées autant que faire se peut. A cet effet l'on crée en laboratoire une situation limitée par artifice à la question posée, et qui contraint la nature à donner une réponse aussi univoque que possible. Ainsi l'on exclut totalement l'exercice par la nature du pouvoir souverain qu'elle possède dans sa totalité illimitée. Si nous voulons apprendre à connaître ce pouvoir, il nous faut questionner la nature en lui posant le minimun de conditions, voire en ne lui en posant pas du tout, et lui laisser ainsi la liberté de répondre en fonction de sa plénitude.

Synchronicité et Paraceslsia - Carl Gustav Jung

La synchronicité.

Le phénomène de synchronicité se compose donc de deux éléments:

  1. une image inconsciente vient à la conscience,de maniere directe(littérale) ou indirecte (symbolique) par la voie du rêve, de l'inspiration soudaine ou du pressentiment;
  2. avec ce contenu psychique vient coïncider un fait objectif.

(...)

Le principe de synchronicité affirme que les termes d'une coïncidence signifiante ou de l'ordre du sens sont liés par la simultanéité et par le sens.

Synchronicité et Paraceslsia - Carl Gustav Jung

13 juin 2006

Pourquoi se renier ?

Loin de moi la pensée de sous-estimer l'extraordinaire différenciation de l'intellect occidental ; mesuré par rapport à lui, l'intellect oriental doit etre qualifé de puéril. (Cela n'a naturellement rien à voir avec l'intelligence.) Si nous parvenions à amener une seconde ou même une troisieme fonction psychique à la dignité accordée à l'intellect, l'Occident pourrait espérer surpasser largement l'Orient. C'est pourquoi il est si lamentable de voir l'Européen se renier lui-même pour imiter et "affecter" l'Orient, alors qu'il aurait de telles possibilités s'il restait lui-même et découvrait selon son mode et conformément à sa nature tout ce que l'Orient a extrait de sa propre nature au cours des millénaires.

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung

L'esprit et le Yin.

Dans notre propre civilisation spirituelle chrétienne, l'esprit et la passion de l'esprit ont été pendant longtemps l'élément le plus positif et le plus digne d'effort. Ce n'est qu'aprés la fin du Moyen Age, au cours du XIXème siècle, quand l'esprit a commencé de dégénérer en intellect, qu 'il s'est récemmentproduit une réaction contre la domination insupportable de cet intellect, réactionqui, toutefois, a commencé par commettre la faute excusable de confondre l'intellect avec l'esprit et d'imputer à celui-ci les méfaits de celui-là (Klages) . L'intellect est effectivement un ennemi de l'âme lorsqu'il a l'audace de vouloir capter l'héritage de l'esprit, ce dont il n'est capable sous aucun rapport, car l'esprit est quelque chose de supérieur à l'intellect puisqu'il comprend non seulement celui-ci, mais le coeur (Gemüt). Il constitue une direction et un principe vital qui aspirent à des hauteurs lumineuses surhumaines. Mais en face de lui se tient le féminin, l'obscur, le terrestre (yin) avec son émotivité et son instinctivité plongeant dans les profondeurs du temps et les racines de la continuité psychologique.

Commentaire sur le Mystère de la Fleur d'Or - Carl Gustav Jung